BELLE EXPOSITION SUR LA GRANDE GUERRE À MORET

Superbe exposition sur la Grande Guerre, riche en documents et objets, coordonnée par François Deysson, avec le concours des associations AMRCHM, LARENA 77 et Les Amis de Moret.

Du 6 au 11 novembre, s’est déroulée l’exposition sur la Grande Guerre, dans la salle Roland Dagneau à Moret-sur-Loing.
Organisée par M. François Deysson, maire de Villecerf et coordinateur du centenaire de 1918 sur Moret Seine et Loing, avec le concours précieux des associations, les Amis de Moret, AMRCHM et LARENA77 ainsi que de nombreux scolaires investis dans le projet de commémoration.
L’AMRCHM a présenté «14-18, la réalité de la Première Guerre mondiale ». Le rôle essentiel des femmes qui ont tenu la place de leur mari, frère, dans la vie économique et industrielle, tout en restant des mères de famille. Montrer aux descendants des Poilus comment leur pays avait souffert, les destructions des villes et des villages et comment tous et toutes avaient surmonté ces épreuves souvent insurmontables. Les travaux scolaires sur les bataillons scolaires, le Petit Lu, les animaux de Grande Guerre et l’aviation de la Première Guerre mondiale.
LARENA 77 présentait le service de la santé de la Grande Guerre, les hôpitaux auxiliaires de la mobilisation sanitaire et des conditions de prise en charge au sein de notre communauté de communes mais également Avon, Fontainebleau, Forges, Héricy et Montereau. Articles sur les hôpitaux, animaux, médicaments et de nouveaux articles sur le médical (V.A.). Nombre de soldats décédés par classe (1887 à 1919) (Jean Cousin). Travail sur les années 1893 à 1919. Premier et dernier tué (caporal Peugeot et soldat Trébuchon). Les cousins des monuments aux morts (tableaux généalogiques de 4, 5 et 6 soldats ayant des ancêtres communs). Le soldat Inconnu et Clemenceau.
Quant aux Amis de Moret, ils se sont consacrés à la vie quotidienne pendant la première guerre mondiale : se nourrir, travailler, réquisitions, délibérations, les écoles, les monuments aux morts pour la commune, dans l’église.
Parmi tous les visiteurs, de nombreux élèves et enseignants ont parcouru l’exposition riche en documents et iconographies.

Discours inaugurale de François Deysson, Vice-président de Moret Seine & Loing, Maire de Villecerf, Coordinateur des actions du centenaire :
« Le travail de Mémoire que nous accomplissons ensemble, ce soir, que nous avons accompli tout au long de la préparation et de la mise en place de ce Centenaire, vise d’abord à honorer la mémoire de nos morts et à rappeler  ce que fut, ce qu’est la guerre comme le fit Maurice Genevoix, l’auteur de « Ceux de 14 » qui représentera tous ses frères, ceux de 14 justement, en rentrant au Panthéon en 2019.
Il vise aussi à honorer le travail minutieux des constructeurs de paix.
La mémoire de la première guerre mondiale doit se faire à une échelle globale  et non pas seulement nationale.
Nous nous sommes engagés, comme tant d’associations et de communes dans le monde entier, dans les célébrations du Centenaire.
Dans notre communauté de communes, de nombreuses collectivités, des associations, des chercheurs, des élèves et des bénévoles se sont mobilisés pour nous présenter de nombreuses manifestations variées depuis le 13 octobre et qui continueront à nous émouvoir jusqu’au 9 décembre.
Ces travaux, ces recherches décrivent, avec maintes sensibilités, bien sûr le quotidien des soldats au front mais aussi la guerre vécue par de ceux de l’arrière, cette guerre  beaucoup moins connue.
Je tiens à remercier et à féliciter chacun d’entre eux pour tout leur travail.
Mais laissons la parole à Henri Barbusse décrire la réalité des soldats, des poilus :
« Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine (…). Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés ».
Pendant ces années terribles, la société de l’arrière, toute entière réquisitionnée par la machine de guerre, s’est adaptée avec brio et en profondeur. Les femmes, les « gardiennes » selon le mot d’Ernest Perrochon, s’émancipent, administrent leurs domaines en attendant le retour de la paix ou travaillent dans les usines.  Les travailleurs de l’arrière sont aidés dans leurs tâches par des ouvriers venus d’ailleurs, à l’instar de ces 140 000 travailleurs Chinois achetés par les Anglais et les Français et qui font partie des oubliés de la grande guerre.
L’industrie s’adapte et développe le travail à la chaîne qui bouleverse les moyens de production et de consommation.
Mais quel gâchis de voir cette jeunesse s’entretuer. Quel gâchis que ces champs transformés en déserts de boues, de ruines et de croix de bois. Quel gâchis que ces siècles de production offerts à l’engrenage funeste de la guerre.
Les civilisations, pour reprendre le propos de Paul Valéry, savent désormais  qu’elles sont mortelles.
En 1918, enfin, chacun soigne ses plaies, sans pouvoir oublier les 20 millions de frères et sœurs, tués dans ce que Louis-Ferdinand Céline décrivit comme « l’abattoir international en folie ».
Il y a cent ans, le monde dépose enfin les armes après quatre années de combats interminables et fratricides.
Dès la fin de la guerre, assoiffés de paix, les contemporains ressentent un besoin inédit de dire, de raconter, de témoigner.
Ces populations qui avaient lu, relu, retourné les lettres tant attendues des proches envoyés sur le front, qui avaient suivi les récits d’Henri Barbusse et des autres voyaient, dès 1918, le prix Goncourt décerné à l’ambulancier Duhamel, celui-là même qui avait livré dans son Civilisation 1914-1916 un réquisitoire resté célèbre contre la nouvelle barbarie, un appel à la fraternité comme valeur suprême.
Chacun assiste, comme abasourdi, à l’émergence d’un monde nouveau dans une société radicalement transformée.
Sur le front déjà, des soldats issus de tous les milieux sociaux se sont retrouvés confrontés aux mêmes souffrances et ont rencontré leurs frères venus d’ailleurs et souvent de fort loin ce qui engendra des mouvements de population inédits.
Beaucoup de nos histoires familiales sont fondées sur cette réalité. Je me tiens, par exemple devant vous aujourd’hui parce que mon Grand-Père provençal, blessé sur le front de l’est, a épousé la fille de l’infirmière alsacienne qui le soignait.
En 1918, les nations victorieuses s’engagent enfin dans des négociations en vue d’Accords de Paix, dans un monde bouleversé aux équilibres géopolitiques nouveaux.
« Nous avons gagné la guerre, et maintenant il faut gagner la paix, et ce sera peut-être encore plus difficile », résuma fort bien Georges Clemenceau.
Matrice du XXème siècle, la Grande Guerre sonna aussi la fin des impérialismes  et marqua la naissance de nations nouvelles, la Finlande et la Pologne, par exemple.
Un lent processus de décolonisation s’engage alors. En sonnant le glas de l’apogée européenne, 1918 laisse la place à l’émergence des États-Unis et du Japon et aux prémices de la polarisation du monde entre deux idéologies,  cette polarisation qui marquera tout le XXème siècle : le libéralisme américain à l’ouest et le communisme, à l’est installé en Russie un an auparavant.
L’Europe prit conscience que la paix ne pouvait passer que par l’union des peuples. Les voix pacifistes furent nombreuses et très audibles, dans les années  qui suivent la Grande guerre, comme pour mieux repousser les menaces  ce qui n’empêcha ni Munich ni la suite que l’on sait.
Et pourtant, de réels ferments de paix ont été semés !
En 1914-1918, la jeunesse de nos pays était envoyée mourir dans une guerre longue et absurde.
Cent ans plus tard, leurs descendants peuvent, s’ils le souhaitent, traverser nos frontières européennes pour se rencontrer, pour étudier, pour se découvrir.
Cent ans après l’armistice, dans quelques jours, le premier forum pour la Paix sera inauguré, en France, par la Chancelière allemande Angela Merkel.
Et pourtant les mêmes défis sont toujours là et nous ne devons pas craindre de nommer les deux faces de Janus : le populisme et le nationalisme qui en France, en Europe et dans le Monde cherchent à accréditer l’idée que l’Union européenne et le multilatéralisme sont un problème. Non, ils sont la solution !
Je souhaite donc aujourd’hui faire particulièrement résonner, avec vous, ces mots d’Adenauer, co-auteur avec Charles de Gaulle du traité de l’Élysée, destiné à sceller la réconciliation et la coopération franco-allemande, après la deuxième guerre mondiale : "L’unité de l’Europe était un rêve de quelques-uns. Elle devint un espoir pour beaucoup. Elle est aujourd’hui une nécessité pour nous".

De gauche à droite, Béatrice de Roys-Robinson, Présidente de l'ARMCHM, Luc Paylot Président des Amis de Moret et Valérie Asselin Présidente de LARENA 77, Sylvie Monchecourt, conseillère régionale Ile-de-France et Maire de Montigny-sur-Loing, François Deysson, maire de Villecerf et coordinateur du centenaire de 1918 sur Moret Seine et Loing, Patrick Septiers, Président du Département.

Retour sur l’exposition de la Grande Guerre à Moret.

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