EMMA BOURGIN ET LÉONARD NGUYEN VAN THÉ À L'ESPACE REGARDS

Emma Bourgin et Léonard Nguyen Van Thé se sont imprégnés de Moret-sur-Loing et de sa région pour leur exposition à l'Espace Regards.

Photos : P. Songeux

L’Espace Regards accueille jusqu’au 2 juin 2019, Emma Bourgin et Léonard Nguyen Van Thé pour une exposition : “Il eût fallu que son regard fût pénétrant”, Le Roi Soleil. Pour l'occasion le jardin est aussi un espace de création.
Moret-sur-Loing, petite ville d’artistes, éloignée et pourtant proche de Paris, a incité Emma Bourgin et Léonard Van Thé à la pénétrer, à la recherche de ce qui fait son charme et son dynamisme. D’une attention aux pierres de cette maison, ils sont venus arpenter le territoire à la découverte des matières. L’un jardinier, paysagiste, poète, l’autre, artiste plasticienne, tous deux observent, récoltent, expérimentent, façonnent les matériaux. Moret fut leur terrain d’expériences et d’exploration. Ils ont travaillé dans et avec ce lieu et ses habitants. Leurs rencontres et trouvailles ont donné naissance à de nouveaux récits, continuité de cette ville riche en mémoire. Une plaque témoignant de la présence du peintre Sisley, qui a laissé sa trace, les a amenés à prendre une nouvelle empreinte. La Mauresse de Moret, autre personnage est apparu au fil de leur quête. Ces personnages, icônes, resurgissent dans les lignes qui traversent les matières. Des vitraux de cire, tels de nouvelles peaux mettent au jour l’architecture tout en faisant écho à un art ancien. Pour Emma Bourgin, le décollement, l’arrachement de cette matière sensible, fait apparaître l’envers, ce qu’il y a en dessous, les strates temporelles des murs de ces lieux. En descendant au niveau inférieur de l’espace, la lumière guide vers une installation qui prend vie par le feu. À l’intérieur des regards, espaces cachés et ouvertures, des dessins sur des plaques de métal renvoient aux récits, à leurs découvertes. Fragments d’architectures, ces éléments prennent place comme une nouvelle peau de cette maison, devenue organisme vivant. Les œuvres fusionnent avec l’espace. Les matières s’enrichissent les unes avec les autres. Les lignes, dessinées dans les creux, renvoient aux liens entre les individus et matières. Dans le jardin, Léonard Van Thé révèle les méthodes de palissages des vignes inventées à Thomery qui connurent un rayonnement international. Sur le mur, un dessin réalisé avec l’argile issue d’une dernière exposition signifie les cordons morétains inspirés par les techniques mises au point par M. Rose Charmeux, horticulteur. Celui-ci poursuit et fertilise la croissance des plantations. Par le déplacement des matériaux, ces artistes nous racontent un patrimoine et relèvent les empreintes successives qui marquent ce lieu. Cette exposition invite à le découvrir par les objets et matières qui le composent et fondent son histoire. De cet espace, les artistes étendent notre regard, à travers les murs, vers l’extérieur, jusqu’au-delà de la ville. Un souffle traverse les murs. De nouvelles traces s'ajoutent aux pierres et à la terre du lieu.
Pauline Lisowski.

Emma Bourgin :
« J’ai rencontré mon matériau de prédilection, la cire d’abeille, en même temps que le bronze il y a presque 10 ans aux Beaux-Arts du Mans.
Fascinée par la présence sensible de cette matière à la fois couleur, odeur, lumière, reliquat de paysage, j’en voulais au bronze de la « perdre ».
Je l’ai donc ajoutée à ma palette de matières-couleurs et c’est elle qui m’a ouvert la voie vers la liberté de la sculpture que je ne cessais d’effleurer en me souciant de l’origine et des affections des matières que j’employais pour peindre. Et de simple entremetteuse, la cire d’abeille est devenue le matériau essentiel de mon travail.
À son tour, elle rencontre des pierres, des tasseaux et autres rebuts de bois d’atelier, des sols et des murs. Ces dernières sont touchées par sa chaleur mais la cire d’abeille est entière et ne peut s’empêcher d’aimer en brûlant, au moins lors des premiers instants de la rencontre.
La cire d’abeille seule ou accompagnée par d’autres matériaux est devenue ma seconde peau, celle qui guérit la première, fond avant la brûlure, nourrit le bois, amortit les angles rugueux et saillants du marbre brisé, donne corps et odeur à ce qui n’en a pas ou plus, réchauffe la pierre. »

Léonard Nguyen Van Thé
Jardinier, paysagiste, murailler, maître composteur, créateur. Léonard Nguyen Van Thé ne rentre dans aucun tiroir. Un peu comme un artiste finalement.
À Caracas, Santiago du Chili, Paris ou Bagnolet, il revêt flore et couleur locales, s'en imprègne et les fait siennes. C'est ainsi qu'une voiture se retrouve avec des pierres pour passagères (Caracas), qu'un prunier se prend à la fois pour un pêcher, un amandier et un abricotier (Bagnolet), que des rebuts de linoléum deviennent les voûtes plantaires de cultures diverses et variées. Léonard compose le paysage tel un peintre paysagiste. Du rouge pour réveiller et désarmer les coins d'un jardin breton (Batz-sur-Mer), une libellule rouillée pour donner les ailes au béton bagnoltais.
Mais les plantes ne sont pas les seules interlocutrices de Léo dont les différentes rencontres (architectes, artistes, botanistes, anthropologues, habitants ...) nourrissent et inspirent le travail.
Co-fondateur de l’Ecole Spéciale des Espaces Libres, la petite ceinture est le lieu où il pousse ses expérimentations autant jardinières que sociales au plus loin, jouant du fascinant ou du repoussant, testant les associations et partenariats les plus inattendus, mais toujours efficaces pour faire perdurer le jardin.

Exposition jusqu' au 2 juin 2019.
25-26 mai, 1-2 juin de 14h à 19h et sur rendez-vous.
Espace Regards
12 rue du Donjon
77250 Moret Loing et Orvanne
06 25 62 12 64 / 01 60 70 98 47.

Emma Bourgin et Léonard Nguyen Van Thé exposent à Moret

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